Les Risques Psychosociaux au travail : Comprendre, Prévenir et Agir
Les risques psychosociaux (RPS) au travail sont devenus une préoccupation majeure dans notre société contemporaine. Avec l’évolution des modes de travail, l’accroissement des exigences professionnelles et les transformations sociétales, il est essentiel de les analyser pour assurer une bonne qualité de vie au travail aux collaborateurs. Mais quels sont les causes, les effets et les conséquences des RPS sur la santé mentale et physique des salariés ? Quel est le rôle de l’entreprise et de ses partenaires sociaux ? Comment peut-elle les prévenir pour garantir un environnement de travail sain et épanouissant ?
Corps Accordé Formation, organisme de formation spécialisé dans la prévention des risques en entreprise, vous explique tout ce que vous devez savoir sur les RPS.
Définition des Risques Psychosociaux
Le Ministère du travail du plein emploi et de l’Insertion (https://travail-emploi.gouv.fr/sante-au-travail) définit les RPS comme :
« Un risque pour la santé physique et mentale des travailleurs. Leurs causes sont à rechercher à la fois dans les conditions d’emploi, les facteurs liés à l’organisation du travail et les relations de travail. Ils peuvent concerner toutes les entreprises, quels que soient leur taille et leur secteur d’activité.
Les RPS résultent d’interactions entre :
- les conditions de travail,
- les facteurs organisationnels,
- les facteurs individuels.
Ils englobent des éléments tels que le stress, le harcèlement, l’épuisement professionnel, la violence au travail et le manque d’autonomie ».
Plusieurs types de risques sont ainsi à distinguer :
- le stress provenant du travail en lui-même (sentiment de ne pas pouvoir atteindre les exigences ou les attentes demandées),
- les violences internes commises par des travailleurs (conflits majeurs, harcèlement moral ou sexuel, etc.),
- les violences externes (exercées par des personnes extérieures à l’entreprise à l’encontre des salariés),
- le burn-out.
Ces risques psychosociaux peuvent être combinés et interagir les uns avec les autres.
Par exemple : une situation de mal-être chez un salarié peut engendrer des tensions avec le reste de l’équipe, provoquant ainsi un stress généralisé dans l’entreprise.
Depuis 2010, l’Article L1152-1 du Code du travail français mentionne qu’aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel.
Depuis 2010, un Article L1152-1 du code du travail français mentionne qu’aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel.
Le stress, la souffrance au travail et le burn-out sont-ils uniquement réservés aux travailleurs les plus fragiles ?
Pour Marie Pezé (neuropsychologue de renommée internationale et psychanalyste à l’initiative de la première consultation « Souffrance au travail » au Centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre en 1997), la réponse est non. Tous les salariés sont en effet concernés par les risques psychosociaux au travail et peuvent être touchés par un ou plusieurs de ses symptômes tout au long de leur parcours professionnel.
« Dans ma consultation « Souffrance et travail », je rencontre tous les jours des salariés à bout. Beaucoup sont très équilibrés, souvent très solides, très authentiques dans leur désir de bien faire.
C’est la maladie du bon élève et du bon travailleur. Mais aussi du trop et du pas juste ! »
Pour être « consumé », il faut d’abord avoir été enflammé. Surplus de travail, contraintes administratives, exigence des clients ou encore digitalisation des outils de communication : la surcharge mentale peut rapidement envahir les individus, et ce, quels que soient leur parcours et leur statut professionnel.
Mais le burn-out s’explique aussi par :
- l’impossibilité d’utiliser ses compétences (ce qui prive l’individu de la signification qu’il recherche dans son travail),
- le manque de reconnaissance de l’employeur ou des interlocuteurs du travailleur,
- la perte de satisfaction à s’investir dans sa tâche.
Bibliographie : Je suis debout bien que blessée, Editions Josette Lyon, 2014. Le burn-out pour les nuls, Editions FIRST, 2017.
Les chiffres clés des risques psychosociaux
En 2016, Amélie Mauroux avait publié une étude pour la Dares (Direction de l’animation de la recherche et des études statistiques) sur les conditions de travail et la santé. Le but était d’analyser l’exposition aux risques psychosociaux des travailleurs et d’observer le lien entre travail et santé.
Parmi les actifs occupés qui ont été sondés :
- 31% déclarent devoir cacher ou maîtriser leurs émotions.
- 47% estiment qu’ils doivent « toujours » ou « souvent » se dépêcher dans leur travail.
- 64% déclarent être soumis à un travail intense ou subir des pressions temporelles.
- 64% déclarent manquer d’autonomie dans leur travail.
La souffrance au travail relève donc à la fois de l’organisation et de l’individu lui-même.
Les causes des RPS au travail
Complexité et contraintes au travail, conflits interpersonnels, manque de reconnaissance et de soutien social, déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée, mauvaise communication au sein de l’organisation… Les risques psychosociaux au travail sont causés par une multitude de situations. C’est pourquoi il est important de pouvoir identifier leurs origines avant même de s’engager dans une démarche de prévention.
Les exigences du travail
Les troubles psychosociaux se manifestent en partie à cause de l’intensité et de la complexité du travail :
- manque de temps pour atteindre des objectifs fixés,
- manque de clarté et de visibilité de l’activité professionnelle,
- surcharge des tâches,
- horaires exigeants,
- aléas et interruptions perturbant l’emploi du temps,
- déséquilibre ressenti entre vie professionnelle et vie personnelle,
- etc.
Les perturbations émotionnelles individuelles
Au cours de son activité, tout comme dans sa vie personnelle, le travailleur peut rencontrer des difficultés à gérer ses émotions :
- relations difficiles avec la hiérarchie, les collègues, les clients, les fournisseurs…
- difficulté à exprimer de façon objective et réelle le ressenti émotionnel au travail,
- violences physiques ou verbales,
- management malveillant,
- vie de couple ou familiale difficile,
- etc.
Le manque d’autonomie et de liberté de choix
Les risques psychosociaux proviennent également d’un désir d’indépendance professionnelle non assouvi, où le salarié se sent bridé et ralentit dans ses tâches quotidiennes :
- faible marge de manœuvre dans les décisions prises,
- rythme de travail imposé et contraignant,
- sous-utilisation des capacités et de la participation du travailleur.
Les mauvais rapports sociaux et relations de travail
L’aspect social et relationnel fait partie intégrante du monde du travail. Lorsqu’il se dégrade, il crée des situations négatives qui encouragent alors l’apparition des RPS :
- vision floue des tâches à accomplir,
- manque de solidarité et/ou un esprit de compétition entre collègues,
- carence de relations humaines bienveillantes,
- absence de soutien des instances représentatives du personnel,
- climat de violence physique ou morale au sein de l’entreprise,
- manque de retour sur investissement de la personne et de reconnaissance sur le travail effectué, de la qualité et des efforts fournis,
- encadrement éloigné de la réalité de terrain pour animer et organiser le travail,
- lourdeur administrative,
- etc.
L’empêchement de l’expression des individualités
La perte ou l’absence du sens au travail pour un employé est exacerbée s’il :
- ne participe pas aux décisions,
- ne se sent pas écouté,
- est isolé,
- est cantonné à des tâches non épanouissantes,
- a l’impression de faire un travail inutile,
- etc.
Focus sur le stress professionnel
Il est important de rappeler que l’idée du bon ou mauvais stress est obsolète aujourd’hui. Il existe plutôt deux niveaux de stress à distinguer :
- Le stress est ponctuel et accepté par la personne : les conséquences sont supportables, l’individu récupère facilement.
- Le stress devient chronique : quand la pression dure ou se répète, le collaborateur n’arrive plus à faire face et se sent vite dépassé. Il n’arrive plus à s’adapter, il perd son énergie, sa motivation et entre dans le spectre des RPS.
L’environnement professionnel génère inévitablement du stress et de l’anxiété. C’est notamment le cas lorsqu’il s’agit de modifications organisationnelles, d’aléas, d’urgence à gérer, de changements de poste ou de qualification.
Même si certaines personnes arrivent facilement à s’adapter à ce type de changement, ce n’est malheureusement pas le cas pour une majorité de salariés. Ces derniers vont le ressentir comme une situation angoissante, avec une intensité plus ou moins élevée selon le contexte et la personnalité.
À cela s’ajoutent les inquiétudes liées à la précarité de l’emploi, aux salaires insatisfaisants, à l’insécurité sociale, aux mutations nos désirées… Des situations fréquentes qui nécessitent une adaptation souvent difficile.
Dans notre formation « Fatigue, stress : comment faire face ? », nous vous apprenons justement à reconnaître les signes du stress et à l’analyser en profondeur pour pouvoir mieux l’appréhender.
Les conséquences des RPS au travail
Les effets des risques psychosociaux peuvent être dévastateurs, tant pour les individus que pour les organisations :
Sur le plan individuel, les RPS peuvent entraîner des problèmes de santé physique et mentale. Ceux-ci peuvent se traduire par l’expression de douleurs et troubles physiques tels que :
- troubles musculosquelettiques et maux de dos (sources)
- maladies cardiovasculaires
- baisse d’énergie métabolique
S’ajoute à cela un mal-être mental chronique et des comportements altérés :
- conduites addictives
- anxiété permanente
- dépression profonde accompagnée de troubles du sommeil
- tendances suicidaires
La dégradation de la santé physique et mentale peut être rapide, brutale, voire spectaculaire dans son apparition et son évolution.
Sur le plan organisationnel, les RPS peuvent conduire à :
- augmentation de l’absentéisme
- baisse de la productivité
- détérioration du climat social de travail
- augmentation des dépenses liées à la santé des employés
- taux élevé de turn over du personnel
- non-respect de la qualité du travail
- problèmes de discipline
- accidents de travail
- image de l’entreprise dégradée
Les acteurs concernés par la qualité de vie au travail
Tous les acteurs de l’entreprise, les partenaires sociaux, les pouvoirs publics ainsi que le service de la Médecine du travail sont mobilisés sur les sujets liés aux RPS. Cette démarche préventive des risques psychosociaux est essentielle pour promouvoir un environnement de travail sain et productif.
Les employeurs ont tout intérêt à diminuer le niveau de stress au sein de leur structure et à mettre en place des mesures préventives. L’objectif étant de favoriser l’implication des équipes, de renforcer la cohésion et d’améliorer la performance.
Le plan d’action pour anticiper et prévenir les risques professionnels
- évaluer les risques : en rédigeant et en mettant régulièrement à jour le document unique (DUER) au sein de chaque service,
- éviter les risques (si possible en amont) : avant de prendre une décision modifiant de façon significative le contenu ou l’organisation du travail, l’employeur doit réfléchir aux conséquences qu’elle va engendrer chez les salariés,
- sensibiliser et impliquer durablement les employés,
- planifier les actions de prévention avec les représentants du personnel,
- promouvoir une culture du bien-être favorisant une bonne qualité de vie au travail : accès à des cours de Yoga, éveil musculaire avant la prise de poste, salle de détente, espace de pratique sportive…
- former les managers à la communication interpersonnelle et la bienveillance,
- mettre en place des politiques anti-harcèlement,
- adapter le travail à l’homme, et non l’inverse : améliorer les conditions de travail et proposer des démarches ergonomiques des postes (conception des postes de travail, travail sur écran (https://corpsaccorde.fr/nos-formations/prevention-des-troubles-lies-au-travail-sur-ecran/), choix des équipements, méthodes de travail et de production, alternance des tâches répétitives…).
- Mettre la technologie moderne au service des collaborateurs : sièges adaptés, logiciels et matériels informatiques performants, matériaux de protection, d’insonorisation ou de manutention appropriés…
- Rendre visibles les projets de votre entreprise et ses ambitions futures : plus les travailleurs sont informés de façon claire des situations à venir (même difficiles), moins l’adaptation sera brutale et sévère.
Il n’est jamais trop tard pour préserver la santé de ses salariés
Lorsque les risques psychosociaux se manifestent malgré les mesures préventives, il est crucial d’agir rapidement. Les employeurs doivent mettre en place des mécanismes de diagnostic précoces, tels que des enquêtes internes, des entretiens individuels et des dispositifs d’écoute et de soutien psychologique. Il est également important de développer des stratégies d’intervention adaptées pour traiter les situations de RPS avérées :
- Quand les risques sont présents, l’entreprise doit informer et sensibiliser les équipes à l’importance de la santé mentale et physique au travail. Elle peut avoir recours à une formation à la gestion du stress et à la gestion des conflits, mais également mettre en place des procédures d’alerte en cas de situation de violence avérée…).
- Des procédures de médiation sont parfois nécessaires, par exemple en cas de conflits entre plusieurs personnes. Si ces contestations sont dues à l’organisation du travail ou à des changements non désirés par les travailleurs, il est essentiel de les prendre au sérieux. Faites preuve de pédagogie, soyez le plus clair possible (ne laissez pas courir des informations floues) et remontez aux causes organisationnelles du conflit.
- Des réponses d’urgence peuvent également devenir indispensables. C’est par exemple le cas lorsqu’un salarié rencontre des soucis de santé et n’est plus en mesure de faire face aux contraintes imposées par son travail. L’employeur peut et doit proposer un suivi médical ou psychologique, une écoute ainsi qu’un soutien (via une cellule spécialisée ou un numéro vert). L’objectif étant d’éviter que l’état de santé ne se détériore davantage.
- Il existe également des actions orientées vers la qualité de vie ou le bien-être au travail. Bien qu’insuffisantes à elles seules, elles sont complémentaires à la démarche de prévention des risques psychosociaux : mesures en faveur de l’égalité hommes-femmes, conciliation des temps de vie et de travail, choix des horaires par les salariés quand cela est possible, autonomie dans le travail à effectuer, démocratie et échanges renforcés dans l’entreprise).
Ces démarches d’amélioration de la qualité de vie au travail ne sont pas en soi l’assurance de supprimer les facteurs de RPS dans votre entreprise. Néanmoins, en complémentarité avec d’autres outils, ils contribuent grandement à leur diminution.
Les risques psychosociaux au travail sont une réalité qui ne peut être ignorée
Ils ont un impact significatif sur la santé et le bien-être des individus, ainsi que sur la performance globale des organisations. Il est donc crucial pour les employeurs de mettre en place des mesures préventives ainsi que des actions appropriées en cas de manifestation de RPS.
Rappelons que le Code du travail impose aux employeurs de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des salariés (articles L 4121-1 à 5 du Code du travail) :
- prévention des risques professionnels,
- prévention des agissements de harcèlement moral (article L. 1152-2 du Code du travail) et des agissements de harcèlement sexuel (article L. 1153-1 du Code du travail),
- actions visant à limiter le stress chronique,
- organisation et moyens adaptés pour de meilleures conditions de travail,
- actions d’information et de formation.
Prévention et formation des RPS en entreprise : la solution à bien des maux
Parmi toutes les mesures préconisées par les textes de loi, Corps Accordé Formation vous accompagne sur la partie « actions de formation » en réalisant des formations à la prévention des RPS. Celles-ci sont délivrées par des formateurs experts en santé du travail : ostéopathes, hypnothérapeutes, sophrologues, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, animateurs santé-sécurité qui interviennent dans votre entreprise pour former et sensibiliser vos équipes aux risques professionnels et à la gestion du stress. À la fin de la formation, chaque stagiaire sera en mesure de :
- comprendre le stress physique et mental,
- reconnaître ses facteurs biologiques, psychologiques et sociaux,
- repérer et exprimer les situations qui lui sont douloureuses,
- mettre en place des techniques pour améliorer son équilibre physique et son adaptabilité mentale au travail.
Les méthodes pédagogiques mises en œuvre se veulent ludiques, démonstratives et participatives.
Besoin d’une formation de prévention des RPS ?
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